jeudi, septembre 15, 2005

Tchad : la religion ou la rue

L'Islam fait peur à l'occident. L'Islam et son fonctionnement sont donc très vite devenus ultra-médiatisés. Le Tchad, malgré la discrétion que ce pays suscite, semble entrer rapidement dans le vif du sujet. La particularité de cette nouvelle "cible" de dieu : ses écoles coraniques disciplinaires. Des enfants enchaînés, fouettés, apprenant le Coran par coeur sous 45 degrés Celsius, comme des machines de dieu. Le Tchad : là où la souffrance est le premier enseignement d'Allah.

C'est encore l'émission Envoyé Spécial qui aura, pour moi, levé le voile sur un fait hautement révoltant. Mon analyse du reportage a évolué en deux phases au cours de celui-ci. J'ai d'abord bien entendu halluciné sur la manière d'inculquer la croyance islamique à ces "enfants" âgés de 5 à 40 ans ! Plus qu'une école religieuse on découvre là une prison. Sans cloture, sans cellules mais avec des fers aux pieds, à l'ancienne ; et un fouet pour cadrer ces élèves, ces détenus et "les mettre dans le droit chemin" selon les mots du marabout, le directeur de l'école si vous voulez. Apparemment, les occupants de ces sombres endroits ont pour la plupart été placés là par leurs familles, fatiguées de leur indisciplinarité, ou juste pour leur apprendre la religion et un peu de mathématiques.

Ensuite le reportage évolue en enquête sociale. On interroge monsieur tout le monde, un chauffeur de taxi et un professeur de faculté. Tous font retentir le même son de cloche : "rien de choquant dans tout ça". L'éducation au Tchad ne ressemble en rien à la notre. Ici c'est à la dure ! Le plus intéressant c'est cette interview de ce professeur qui, sur la défensive, explique que l'occident diabolise l'Islam, à cause du terrorisme, et risque de trouver ici une nouvelle perche pour attaquer leurs croyances. "Tout est question de culture" nous explique-t-il. Pas de quoi fouetter un chat en somme...

Mais ce qui est le plus flippant ici, c'est le pouvoir moral qu'exerce la religion et les religieux sur le peuple. La plupart des gens n'osent s'insurger contre ces pratiques, pas même le premier ministre, par peur de porter atteinte à Allah et se voir ainsi mal jugé, voire pire. Qui sait ce qui attend celui qui blasphème dans une société qui apprend l'Islam aussi durement. La religion c'est du sérieux !

Alors me revoilà encore une fois le cul entre deux chaises. J'ai du mal à sortir de l'idée que la religion, et surtout l'Islam dans ses pratiques les plus extrêmes, n'est source que de discordes, de conflits, de souffrances, d'immobilisme. A l'opposé je sais que le Coran est mal interprêté et qu'il ne prêche pas ces débordements. Je refuse d'entrer dans le jeu politico-médiatique qui vise à faire l'amalgamme et inculper une croyance par ses rares (mais de plus en plus nombreuses) déviances extrêmistes. De même j'ai appris à accepter que le monde ne fonctionne pas socialement partout pareil. Ce qui parait choquant chez nous est parfois normal ailleurs et inversement. Ouis mais...

Si le reportage m'a finalement déçu dans sa conclusion (ces élèves ne seraient ils pas les "futurs combattants de dieux" ? Une expression trop médiatique pour être objective), on en vient malgré tout à se demander si on est pas en train d'assister à une réelle prolifération de l'extrêmisme religieux à travers le monde. Mille mosquées baties en trois ans, le temps du mandat d'un politique Saoudien. L'Arabie Saoudite qui en a profité pour financer une grande partie de ces écoles coraniques.

A voir la tristesse, le dévouement, la peur dans les yeux de ces élèves, on arrive sans peine à les imaginer en kamikazes ou soldats du Djihad. Mais sans connaître la finalité réelle de ces enseignements, lorsqu'on est pauvre, hors la loi et mal éduqué, que choisir entre la rue et le bâton ? Le bâton, tant qu'il est justifié par dieu.

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