mardi, août 16, 2005

Une Guerre

Comme si je flippais pas déjà assez tout seul, j'ai eu cet été la bonne idée de lire un bouquin conseillé par un ami : "Une Guerre" par Dominique Lorentz sorti aux Arènes en 1997.

C'est pile le genre de bouquin qu'il faut pas lire, comme moi, au bord d'une piscine sous le soleil. Ca chauffe la tête, ça contrarie, voire ça peut vous coller de mauvaise humeur au risque de refuser le Pastis de 18h...

J'ai pas réussi à saisir l'intégralité des faits dénoncés dans ce livre tant ils sont nombreux et compliqués à intégrer. Il faut connaître le contexte politique et historique de chaque affaire pour ne pas être largué. Même si Dominique Lorentz ne lésine pas pour nous mettre dans le bain, ça fait souvent trop d'infos nouvelles pour pas tout mélanger.
Mais disons que j'ai compris dans les grandes lignes de quoi il s'agissait, suffisamment pour pousser des grands soupirs honteux toutes les 2 pages.

Le livre part d'une enquête journalistique sur Baroin (président de la GMF et de la FNAC dans les années 80) et de sa mort "accidentelle" pour dériver très vite sur les attentats perpétrés en France dans cette même période, les otages au Liban, l'arme atomique délivrée par les français et tout un défilé de complots incroyables et autres crimes d'état. Tout est lié.
On sait tous que notre état (comme les autres) est pourri de l'intérieur et battit son pouvoir sur le mensonge et la manipulation mais, face à tant de détails, on reste étonnés de découvir à quel point c'est parfois énorme et assumé. Tout le monde est dans le coup, même les plus médiatisés ou les plus "respectueux".

Dans un contexte de paranoia face à des médias contrôlés par l'état on pourrait aussi se demander si "Une Guerre" ne nous délivre pas de même des infos erronées. Mais c'est pratiquement impossible étant donné la méthodologie appliquée par l'auteur. Des heures de documentation, du recoupement d'information et un peu d'analyse. Très peu de terrain, d'interviews et d'enquêtes finalement. Que des faits... Tout est inscrit noir sur blanc dans la presse. C'est ça le plus fou ! Encore fallait-il savoir décoder les infos, les confronter, les associer, les déterrer... Un travail de fourmie.

Cette journaliste (et son éditeur) a pris de sérieux risques pour publier cet ouvrage. Rien que pour cette raison ça vaut la peine de s'y intéresser. Rares sont les personnes osant taper de la sorte dans la foumilière. 4 ans plus tard Dominique Lorentz remue le couteau dans la plaie en sortant "Affaires atomiques". Une véritable "quête du Grave" semble donc motiver cette journaliste. On lui souhaite de continuer le plus loin qu'elle puisse et d'éviter les balles autant que possible. Dominique, si j'ai un conseil pour vous : n'acceptez jamais de bonbons d'un inconnu.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Autre ouvrage très flippant sur le même thème à lire et relire avec délectation : La guerre du football qui a opposé le Honduras au Salvador en 1969. L'ouvrage écrit par Ryszard Kapuscinski, journaliste polonais, plutôt bien rencardé par rapport à cet épisode (il explique le pourquoi du comment dans son bouquin) met en exergue le lien de cause à effet entre la Guerre de 100 heures et les incidents autour des matchs de foot durant les phases éliminatoires du Mundial de 1970. Certes, l'ouvrage fut en proie à une polémique. Largement fustigé par les puristes de l'histoire centraméricaine et le Monde Diplo qui s'en est fait l'écho (et qui par un lien de cause à effet si évident que ce serait une insulte à l'intelligence des lecteurs que de gloser pendant des heures, a vendu beaucoup de papier et d'encre), l'ouvrage mérite sa place dans votre bibliothèque.

A condition de ne pas être trop sévère quant au contexte historique ou géopolitique (la révolution cubaine et la hantise de son extension en Amérique centrale).

Aude Javel